Les conférences du Palais Thott
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Conférence du 31 mai 2007
SCIENCE ET PSYCHANALYSE
Aux abords de la souffrance et de la défaillance
(pharmacopée, coaching, thérapie et psychanalyse)
En présence de Son Excellence,
Ambassadeure de FRANCE
Anne GAZEAU-SECRET
Conférence du 22 mai 2008
SCIENCE ET PSYCHANALYSE
Revisitées
En présence de Son Excellence,
Ambassadeure de FRANCE
Bérengère QUINCY
Les conférences du Palais Thott
Copenhague, Danemark
Le 31 mai 2007
SCIENCE ET PSYCHANALYSE
Aux abords de la souffrance et de la défaillance
(medication, coaching, therapy
and psychoanalysis)
La science – au sens moderne du terme – est la nouveauté majeure du dernier demi-millénaire. Elle a introduit une nouvelle forme de rationalité dans l’expérience humaine, une nouvelle forme d’autorité.
D’une part, la science est omniprésente dans nos vies par le biais de ses innombrables retombés technologiques. Son autorité découle ici de son efficacité pratique. Et pourtant, la science a une autre autorité, une autorité qui repose sur sa façon de questionner la nature et de faire de la nature une autorité, son autorité.
Cependant, la science tend également vers un savoir vidé d’éléments subjectifs. Plus, elle porte en elle le rêve d’une cartographie objective et intégrale de la nature, y compris de la nature humaine. En mettant ainsi entre parenthèse le subjectif, la science fait oublier que le savoir est fondamentalement (constitutivement) incomplet. Qu’annonce cet oubli, à un moment de notre histoire où la pensée technologique aurait la prétention de dépasser la pensée scientifique ?
La science promeut le savoir. La psychanalyse, de son côté, promeut la vérité du sujet. Que cela veut-il dire ? Que veut dire savoir et vérité, en science et en psychanalyse ? Et quelles implications dans l’appréciation de nos difficultés ?
Le 22 mai 2008
SCIENCE ET PSYCHANALYSE
Revisitées
L’année dernière, le Dr. Delay a donné une présentation générale du sujet de sa conférence, une perspective à la fois historique et théorique. La science – nouveauté majeure du dernier demi-millénaire – a rendu la psychanalyse à la fois possible et nécessaire. La fonction de la psychanalyse s’oppose à la réduction actuelle de la science à une bonne à tout faire de la technologie, de la maîtrise et de l’esprit pratique. L’accent a été mit sur les façons dont cette situation colore notre approche de la souffrance et de l’échec, illustrées par les médicaments, le coaching, les thérapies et la psychanalyse.
Cette année, après un bref résumé des idées avancées l’année dernière, Jean-Christian Delay portera son attention sur des considérations de fond, sur les enjeux éthiques qui sous-tendent le titre de la conférence. Engendrée par la science, sans être exclusivement science, la psychanalyse est souvent critiquée pour ne pas être scientifique. Et pourtant, paradoxalement, la psychanalyse est une amie précieuse de la science, particulièrement face au matérialisme et au fondamentalisme. En attirant l’attention sur l’inconscient, la psychanalyse met en perspective le rêve scientifique d’établir une cartographie objective et intégrale de la nature, y compris de la nature humaine. Elle souligne les limites du savoir et du rôle de ces limites dans nos vies. Chaque personne est déterminée par des questions de vérité, ancrées dans un manque de savoir. Les questions au cœur du sujet sont diminuées lorsqu’elles sont uniquement déployées dans le concret, parce qu’elles font aussi parti du langage, les préoccupations qu’un sujet adresse à d’autres sujets. Ce n’est pas une mince affaire, car devenir humain implique un choix entre la mort et la parole.
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The Thott Palace Lectures
Copenhagen, Denmark
May 31, 2007
SCIENCE & PSYCHOANALYSIS
Approaching Suffering and Failing
(medication, coaching, therapy
and psychoanalysis)
Science—in the modern appreciation of the term—is the sovereign novelty of the past half a millennium.
It introduces into human experience a new form of rationality, a new form of authority.
On the one hand, science is everywhere in our lives, in the form of its innumerable technological results. Here, the authority of science rests on its practical efficiency. On the other hand, science also has another authority, an authority derived from its way of asking questions of nature and of making nature an authority, its authority.
At the same time, science tends to cultivate knowledge cleansed of subjective elements. More radically, science carries in its heart the dream of an objective and complete mapping of the workings of nature, including human nature. Unfortunately, putting subjectivity in parentheses in this way makes us forget that knowledge is fundamentally (constitutively) incomplete. What does this portend, at a time in our history when technological thinking sometimes gives the impression of harboring the pretension to surpass scientific thought?
Science promotes knowledge. Psychoanalysis, on the other hand, promotes the truth of the subject. What does this mean? What does it mean to know something, that something is true, true in science or true in psychoanalysis? What implications do these considerations have for the appreciation of our difficulties?
May 22, 2008
SCIENCE & PSYCHOANALYSIS
Revisited
Last year, Dr. Delay presented a broad introduction to the subject of his lecture, situating it in historical and theoretical perspective. Science – the sovereign novelty of the past half a millennium – has made psychoanalysis both possible and necessary. The function of psychoanalysis stands out in contrast to a prevalent tendency in modern society to reduce science to a handmaiden of technology, mastery and practicality. The focus was then centered on ways in which this curtailment of science variously colors approaches to suffering and failure, exemplified by medication, coaching, therapy and psychoanalysis.
This year, after a succinct recap of last year's ideas, Jean-Christian Delay will devote more attention to core concerns, to the ethical stakes behind the title of the lecture. Spawned from science, but not exclusively scientific, psychoanalysis is often criticized for being unscientific. And yet, paradoxically enough, psychoanalysis is a precious friend of science, especially in the face of materialism and fundamentalism. By drawing attention to the unconscious, psychoanalysis puts into perspective science’s dream of an objective and complete mapping of the workings of nature, including human nature. It stresses the fundamental incompleteness of knowledge and the role of this incompleteness in our lives. Every person is driven by questions of truth, rooted in a lack of knowledge. The questions at the heart of the subject are impaired when they are unfolded exclusively in the material world, inasmuch as they also belong to the realm of language, as concerns that a subject addresses to other subjects. This is no small matter, for becoming human means making a choice between death and speech.